Le vent froid des nuits de Russie fait virevolter ses cheveux blancs. A cette heure ci il se doute que plus aucun acheteur viendra réclamer sa came, alors il remet sac sur le dos et déambule dans les rues de Moscou. Aucun endroit précis où aller, aucune contraire particulière à exécuter, il se contente d'errer. Il est affamé de chair dans tout les sens du terme. Comme il le fait fréquemment, il traîne là où les chances de réussir à capter une compagnie temporaires sont les plus élevées. Là où il trouvera un ou plusieurs fou(s) pour rentrer dans son jeu d'auto-destruction et d'humiliation. Dans une société qui tend à l'homophobie, il s'amuse des regards qu'on lui porte. Un mélange de dégoût et de curiosité sexuelle. Encore plus quand ils voient ce qu'il a entre les cuisses. Contre un endroit correct où passer la nuit ou d'autres futilité, il se penche volontiers et ça lui plaît,il ne va pas te mentir. Une fois il te répondra qu'il fait ce qu'il peut pour vivre en vagabond, une autre il t'assurera que c'est simplement une preuve de sa liberté, mais la vérité est différente. Il n'a aucunement besoin de tout ça... Il a besoin de ces mains sur son corps, de ces langues sur sa peau et de ces types au creux de ses reins. Parce que c'est la seule chose qu'il sait faire. Sa seule utilité. Sa raison d'être. Il a si froid, tellement putain de froid tu sais? Il pourrait très bien foutre sa tête dans un brasier ardent qu'il ne ressentirait rien d'autre que de légers picotements sur son épiderme de glace. Il donnerait tout. Tout ce qu'il a. Tout ce qu'il n'a jamais eu, pour combler ce froid mordant au fond de son âme. Et lorsqu'il se retrouve nu, habillé d'une pellicule de sueur et de perles laiteuses, le vide et la glace reviennent, accompagnées de son appétit insatiable. 

Il a faim. Encore faim. Toujours plus faim.