La nouvelle gardienne avait été briefée. Après un mois de formation intensive sur les grands lézards, elle était prête à passer à la pratique. Alors qu'elle vient de finir d'enfiler les gants en latex qu'on lui a donné, elle réalise à quelle point elle est stressée. Le logo du crocodile dessiné sur les nombreux panneaux d'avertissement lui donne presque des sueurs froides. Le crocodile... Qu'est-ce qu'elle en a entendu parlé depuis qu'elle a commencé à travailler ici! Les autres soigneurs du zoo lui avaient raconté toutes sortes de légendes et faits soi-disant réel(le)s tout à fait sordide concernant cette créature. Néanmoins, c'est la chance de sa vie: Tout ceux qui s'occupe du crocodile ont une prime de risque capable de rembourser presque n'importe quelles dettes en très peu de temps. Les examens étaient difficiles, la formation encore plus mais elle avait réussi. Ainsi, elle décide de se lancer: elle referme immédiatement la lourde porte métallique derrière elle. A peine a t-elle entendu le loquet se fermer que le bourdonnement électrique se lance de nouveau, signe que les barrières ont retrouvé leur haut voltage. L'endroit réservé au crocodile est immense, certainement l'un des trois emplacements les plus spacieux de tout Wild Cry. En plus d'un grand espace extérieur avec bassins et plantations luxuriantes, un espace intérieur avec triple vitrage permettant de voir l'animal sous l'eau. Tout ces aménagements et ses systèmes de sécurité sont là pour une créature. Une seule. Est-ce véritablement nécessaire? La nouvelle soignante prend une grande inspiration et s'enfonce prudemment dans l'enclos à la recherche de son collègue: Cela fait dix minutes qu'il était parti nourrir Zoran mais il n'est pas revenu. Pourtant, aucun cri ni hurlement n'a été entendu. La gardienne balaye rapidement l'endroit du regard avant que son coeur ne loupe un battement. Elle croit apercevoir d'étrange trainées rouges tracer un chemin sanguinolent. La soignante déglutit et saisit l'arme à fléchettes tranquillisantes qu'on lui a fourni au cas où le crocodile s'en prendrait  à elle. C'est alors qu'elle tombe, avec le plus grand des effrois, sur une jambe arrachée. Malgré qu'elle se voile la face et qu'elle contient tant bien que mal la nausée viscérale qui la prend aux tripes, elle ne sait que trop bien que le tissu que ce membre lacéré porte est l'uniforme de son collègue. Un long soupir se fait entendre dans son dos. Son sang ne fait qu'un tour. Son coeur tambourine douloureusement, à s'en arracher de sa poitrine. Lentement, elle se retourne en minimisant un maximum ses gestes. Contre toutes attentes, elle ne se retrouve pas nez à nez avec un crocodile mangeur d'homme mais un adolescent maigrichon complétement nu, la peau pâle maculée de traces de sang presque dans son intégralité et la tête couverte par de longue dreadlocks vertes trempées : << Excusez moi M'dame, j'sais pas trop c'qui vient de s'passer mais... je crois que j'ai encore fait une connerie.>> Déclare le jeune homme, mal à l'aise, alors qu'il jette aux pieds de la femme la tête fraîchement arrachée de son collègue.