"Avance, esclave!" lui hurlait continuellement le garde royal, tirant à chaque fois violemment sur la longue chaîne en or accrochée autour de son cou. Yael crispa discrètement la mâchoire mais continue sa route, ses pieds nus endoloris s'enfonçant dans le sable brûlant à chacun de ses pas. L'homme qui le tient en laisse, confortablement installé sur le dos d'un chameau, finit par prévenir le Prince qu'ils arrivaient tous aux portes du royaume d'Ezedal. Le calvaire de cette longue traversée allait enfin prendre fin! Une fois que le Prince et son convoi fut accueillis par le couple royal qu'étaient les No Arra,  son garde chiourme l'emmena dans une des écuries du palais et l'y enchaîna fermement pour qu'il ne puisse s'y échapper. Yael, habitué à se laisser faire depuis l'âge de ces sept ans, y resta sagement enfermé sans faire de vague. Assis dans la paille, il se demander pourquoi le Prince avait insisté pour l'emmener avec lui durant cette visite diplomatique. D'ordinaire, Yael, tel le Bacha Bazi qu'il était, restait enfermé dans le Harem avec tout les autres qui étaient logés à la même enseigne que lui. Il n'avait absolument aucune utilité pour ce genre de situation politique, il n'avait pas été élevé pour ça. Alors que les heures passaient, la silhouette grâcieuse de Kaltag, favori du Prince et tête de gondole du harem, apparu dans l'embrasure de la porte. Le favori lui avait apporté à boire et quelques loukoums. A défaut de pouvoir avaler un vrai un repas, il avait au moins un peu de sucre pour se remettre de cette infernale marche. Mais alors que Yael remerciait Kaltag, lui souriant et lui demandant de décrire la beauté du royaume d'Ezedal, le sourire du favori s'évanouit progressivement. Il posa tendrement son front contre celui de Yael et lui indiqua qu'il ne pouvait pas rester longtemps: dans une dizaine de minutes, des servants allaient venir lui donner un bain et le rendre présentable. Yael ne comprit pas ce qu'il se passait. Pourquoi? Comment? Que devait-il faire? Toutes ces questions demeurèrent sans réponse: Kaltag disparu aussitôt, peu désireux de se faire surprendre. Néanmoins il avait dit vrai: c'est sans ménagement que des servants s'occupèrent de lui, nettoyant chaque grain de poussière et de sable sur son corps, lui faisant prendre un bain au lait d'annesse pour adoucir sa peau, le ornant ses cheveux de bijoux dorés et habillant son corps de voiles somptueux. Malgré tout, la maudite chaîne demeurant fermement attaché autour de son cou, laisse doré qui témoignait son statut d'esclave. Une fois que les servants eurent fini de le préparer, ils l'emmenèrent dans la salle du banquet et donna la laisse au Prince. Sans un regard, ce dernier se redressa de sa courbette respectueuse et leva le bras qui tenait sa chaîne: << Majesté, vous ne pouvez imaginer quel honneur vous nous faîtes en nous recevant dans votre royaume. Nous n'avons pas les mots pour décrire la joie qui nous anime. Mais je ne suis pas arriver les mains vides: veuillez accepter cet humble cadeau pour la princesse Elia. Ce vulgaire esclave de 15 ans vous parait peut être banal mais croyez moi quand je vous dis qu'il s'agit d'un authentique garçon-tigre dont les gênes laissent supposer qu'il est le descendant direct du premier des  Félins. >>