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Je me souviens de papa qui lave le sang sur ses mains dans le petit ruisseau derrière la ferme
He said that John was the prettiest. He said that Joseph was the wisest. he said that I was the strongest.
Aujourd'hui Jacob a séché les cours d'éducation sportive pour la troisième fois cette semaine. La punition qui l'attend à la maison risque de colorer à nouveau sa peau de mille et une nuance de rouge mais il semblerait que cela ne l'atteigne pas. Il préfère largement les coups que de supporter le regard curieux de ses petits camarades dès que leurs yeux rieurs se balayeront son dos, ses reins et ses jambes. Les semelles de ses Dr. Martens s'écrasent lourdement sur le muret en brique sur lequel il est perché. Les bras tendus, l'adolescent à la crinière rousse joue les funambules à environ deux mètres de hauteur. Il espère que chaque pas l'emportera ailleurs mais la vérité est la suivante: chaque pas l'apporte un peu plus près de la maison [...] Jacob a eu tort. Lorsqu'il est rentré à la maison, ni son père ni sa mère ne lui est tombé dessus. L'odeur gourmande d'une tarte à la citrouille entrain de cuir au four est la seule chose qui l'accueille. Alors il profite pour fumer une dernière cigarette en cachette et étouffer son instinct fugueur. Il ne peut décemment plus partir pendant plusieurs jours maintenant qu'il sait que chacune de ces conneries se répercute sur ses petits frères. Toujours est-il que la soirée se passe dans le silence le plus total. Les trois enfants s'appliquent à ne faire aucun bruit: pas la moindre fourchette s'entrechoque avec la céramique des assiettes. Ce soir Papa est dans une humeur exécrable: il est contrarié par ils ne savent quoi. Quelque part, ni Jacob ni ses frères ne veulent le savoir. Tout ce qu'ils veulent c'est disparaître dans un trou de souris. Jacob fuit le regard de sa mère. Continuellement. Si il ose affronter les yeux enragés de son père lors de ses colères, la glace de ses iris ne peuvent supporter celle de Cordelya Seed, encore plus froide que les siens. Un sursaut, John a renversé son verre de jus d'orange. Le liquide d'agrumes pressés imbibe la nappe en tissu et goutte sur le pantalon du père de famille. Ce dernier se relève d'un coup en poussant un cri de mécontentement. Un hurlement qui pétrifie tout le petit monde autour de la table. Parce que tout le monde sait ce qui va se passer. C'est sans un mot que David Seed défait rapidement la boucle de sa ceinture en cuir et retire cette dernière de sa taille pour la plier en deux. Il contourne la table et s'approche de John, prêt à le saisir brutalement par le bras et le jeter par terre pour lui faire regretter sa maladresse. Mais comme d'habitude, Jacob ne peut supporter qu'on s'en prenne à ses frères. Encore moins au plus jeune de la famille qui, il ne sait trop comment, a gardé sa candeur et son innocence. L'adolescent fugueur, et réfractaire à l'autorité, fait barrage entre son frère et leur paternel belliqueux. C'est lui qu'on envoie sur le plancher et qu'on déshabille complètement. C'est lui qu'on attache à la rampe des escaliers et qu'on frappe avec toute brutalité qu'il est possible d'avoir. Ses cris ne font qu'exciter Papa. Ses cris ne rendent que Maman plus indifférente. Peut être même un poil déçue. Une fois que ses jambes tremblantes lâchent et qu'une sueur froide coule le long de son dos, les coups cessent enfin de pleuvoir. Mais le même manège recommence avec John. Il n'a pas été épargné et, cette fois ci, le sacrifice de son grand frère a été inutile. Maman ne regarde plus, elle débarrasse tranquillement la table et intime à Joseph d'aller se coucher alors que John se fait passer à tabac. C'est nu comme un ver et avec un corps en lambeaux que Jacob vient porter son frère souffrant dans ses bras et monte les escaliers rapidement, disparaissant dans leur chambre. Ce soir c'est la dernière fois. Ce soir c'est fini. Jacob se l'est promis. Les heures se sont écoulées jusqu'à 3 heures du matin. L'adolescent n'a pas fermé l'oeil: il a été bien trop occupé à veiller sur ses frères et à nettoyer ses propres blessures. La pendule du salon sonne 3h pile. Jacob ferme les yeux, prend une grande inspiration et se jette précautionneusement sur le plancher pour regarder sous son lit. De là, il sort deux gros jerricans d'essence qu'il porte à bout de bras. C'est avec toute la discrétion dont il peut faire preuve que Jacob verse l'essence partout où il peut. Si il épargne la chambre de ses frères, il ne se gêne pas pour remplir le reste de l'étage et le rez de chaussée. Une fois les deux jerricans entièrement vides, il les pose dans un coin et réveille ses frères en leur intimant de ne pas faire de bruit. Aussi silencieux que des souris, les garçons réussissent à sortir de la maison. Néanmoins Jacob laisse la porte d'entrée ouvert. Il glisse une cigarette entre ses lèvres et l'allume. Distraitement, il prend quelques bouffées puis, sans la moindre hésitation, il la jette, à peine consommé, sur le plancher noyé d'essence. Se reculant immédiatement, Jacob porte John dans un de ses bras puis, il prend Joseph par la main pour qu'ils s'éloignent jusqu'à être en sécurité. Pour l'instant, Jacob ne pense pas aux assistante sociales, aux policiers ni même au foyer. Non, pour l'instant, il observe le brasier ardent dévorer cette maudite ferme et il s'imagine les flammes lécher le corps de ses vieux. Ce soir, John souffrait pour la dernière fois.
C'est un village paumé dans le trou du cul de l'état de Georgie, lui même perdu quelque part au Sud des Etats-Unis. Rome est l'une des villes les plus grandes de Floyd County mais Jacob n'en a exploré pas plus de la moitié. Reculée des habitations agglutinées de la ville, la ferme des Seed est un petit coin de paradis et de tranquillité. Entourée par de grands hectares de jardins luxuriants et non loin d'un point d'eau plaisant, l'habitation se vendrait certainement à prix d'or si ces propriétaires décident, un jour, de s'en débarrasser. De la famille Seed on ne vous dira que du bien. Bien que discrète et peu intéressée par les ragôts/histoires, les Seed sont ce qu'on qualifierait le plus souvent de gens biens. Quelques voisins vous diront même qu'il s'agit là du cliché le plus complet de la famille américaine qui vote conservateur. Dans cette même famille, on retrouve David et Cordelya Seed ainsi que leurs sept adorables enfants: Jacob, Joseph, John, Sirius, Lily, Lilyss et Angel. Comme leurs prénoms l'indiquent, à ceux qui s'y connaissent un tant soit peu au sujet, la famille Seed est pieuse. Comme beaucoup de familles, la religion a une place essentielle au creux de ce ménage sympathique. Bénédicité avant de manger, prière au levé et au couché, étude de la bible, respect des règles qu'instaure cette dernière, la vie des Seed est rythmée par l'éducation religieuse et le travail. Les rumeurs d'un passé douteux dans une secte créée par l'arrière-arrière-arrière-arrière grand père? Complètement fausses et porteuses de diffamations envers une famille aussi simple que généreuse. Tout les dimanches, David, Cordelya et leurs enfants vont à la messe. Lorsque les cloches sonnent et que le soleil rayonne dans le ciel bleue de Georgie, les parents Seed discutent et rigolent avec les autres paroissiens. Ils s'échangent des recettes, des conseils pour réparer la voiture ou, tout simplement, ils parlent de leurs enfants alors que les plus jeunes jouent entre eux. Cependant, les garçons Seed ne vont pas rejoindre les jeunes de leur âge et leurs festivités. Jacob est dans un coin, le visage fermé et les doigts nerveusement pincés par dessus la manche droite de sa veste en jeans. Son regard dépareillé est fixé sur un point invisible qu'il détaille avec calme. Joseph, le second, préfère resté dans l'église à lire et relire la Bible, dans le silence bienveillant des voûtes de boisées et l'odeur de l'encens qui lui chatouille le nez. Quant à John, le petit dernier, ses grands yeux bleus pétillent d'envie de rejoindre les autres enfants mais son corps n'obéit pas. Au lieu de jouer, il est accroché à l'aîné de la famille comme si sa vie en dépendait. Ce n'est que lorsque le père Seed lui donne l'autorisation du regard que John bondit sur ses jambes et court en direction des autres enfants. Mais Jacob, lui, ne bouge toujours pas. Ses doigts se crispent un peu plus sur son bras fin. C'est au bout d'une vingtaine de minutes d'immobilité presque inquiétante qu'il se relève et disparaît derrière l'église une fois que ses parents ne font plus attention à lui. Après s'être assuré que personne n'est aux alentours ni même qu'on puisse le surprendre, l'adolescent au cheveux roux pousse un long soupir et sort un paquet de Lucky Stryke chiffonné pour y prendre une cigarette et glisser le filtre entre ses lèvres quelque peu gercées. La flamme du zippo qui éclaire son visage blême fait apparaître les tâches de rousseur qui parsème sa peau alors qu'il allume les sa cigarette. Jacob prend une grande inspirée et laisse la fumée nicotinée brûler ardemment ses poumons avant de la recracher. Il bascule sa tête en arrière et la pose contre la façade en bois blanc de l'église. Ses yeux se ferment de moitié et une grimace de douleur déforme soudainement son visage juvénile. Encore quelques rapides regards à droite et à gauche, puis Jacob remonte l'une des manches de sa veste. Le tissu découvre progressivement une peau constellée d'ecchymoses. La couleur des hématomes est d'abord jaunâtre mais au plus il monte sa manche, au plus les teintes deviennent violacées et rouges à la fois. Le textile de sa veste colle contre la plaie humide de son bras. La simple sensation de frottement rend les yeux du rouquin humides. Jacob vient mordre brutalement le coeur de sa lèvre inférieur pour étouffer un potentiel cri, puis il remonte d'un coup sa manche pour découvrir le reste de la blessure. C'est seulement après avoir pris une grande inspiration que l'adolescent ose baisser les yeux sur la source de sa souffrance. C'est un "S-I-N-N-E-R" qui est gravé en lettre capitale d'imprimerie part la lame d'un couteau ou d'un cutter, difficile à dire. Une chose est certaine, ladite lame a été plantée profondément dans la chair. Au vu de la couleur de cette dernière et de la douleur aiguë qui traverse le bras de Jacob à chaque mouvement, la blessure est récente. Elle n'a pas plus d'une journée. . Si ses yeux se noient dans la contemplation morbide de ces plaies immondes, c'est un goût de bile d'hargne qui remonte dans la gorge du gosse.
PEOPLE SAY THAT THE SEED ARE REALLY GOOD PARENTS. Do you believe them?
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The seed, a good christian family
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